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6.4. Les épilobes : des onagracées essentiellement rhizomateuses
Le genre Epilobium est constitué de nombreuses espèces pionnières croissant à l’état naturel dans les milieux rocheux régulièrement perturbés ou aux abords des cours d’eau (plusieurs autres espèces sont également présentes dans les champs et les secteurs rudéraux).

Si trois de ces espèces sont pourvues de longs rhizomes traçants (E. angustifolium, E. fleischeri, E. hirsutum), l’épilobe à feuilles de romarin forme des touffes denses. À titre d’exemple, le système souterrain de l’épilobe à feuilles étroites, composé d’un long rhizome profondément ancré dans le sol et associé à de nombreuses racines secondaires, peut atteindre 300 cm3 par pied (vol. syst. sout./aérien = 1,1). Les tiges, ascendantes à dressées, sont pourvues de nombreuses feuilles linéaires à lancéolées recouvrant totalement le sol dans leur situation optimale de développement. Elles présentent des floraisons tardives, généralement en juillet-août. Leur fructification produit de très nombreuses graines anémochores.

Aux étages montagnard et subalpin, l’épilobe à feuilles étroites offre un important potentiel sur tous types de matériaux. Bien connue des groupements herbacés acidophiles de coupes forestières (Epilobion angustifolii), cette espèce présente également un optimum de développement au sein des éboulis ou de cônes de déjections frais constitués de matériaux centimétriques à décimétriques (fig. 11).

L’épilobe de Fleischer présente un intérêt pour une utilisation à l’étage subalpin, voire alpin, sur des substrats comportant une fraction importante de matériaux fins, donc relativement bien pourvus en eau. Bien qu’il présente une faible biomasse aérienne en regard des deux espèces précédentes (effet de peigne réduit), sa stratégie écologique rudérale-compétitrice lui permet de constituer des tapis fournis stabilisant les horizons superficiels et limitant l’érosion de surface (fig. 13).

La technique d’implantation la plus fiable semble être la plantation directe de rhizomes ou de mottes. Mis à part l’épilobe de Fleischer, plus rare en pépinière, les autres espèces mentionnées ci-dessus sont disponibles dans le commerce sous forme de graines ou de plants en motte. Pour les espèces rhizomateuses, il est également possible de prélever des boutures à partir de populations naturelles, garantissant ainsi l’utilisation de souches locales.
Pour l’ensemble de ces espèces, la pose d’inflorescences sur le sol, recouvertes d’une fine couche de paille, de terre, de sables ou d’un treillis de coco, semble être une technique adéquate. Elle mériterait d’être expérimentée pour les espèces les plus faciles d’approvisionnement comme l’épilobe à feuilles étroites ou l’épilobe hirsute qui constituent des populations parfois importantes de plusieurs milliers de tiges.