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2.1.4. Liens entre blocage des berges et dynamique du transport solide
2.1.4.1. Influence des berges sur l’équilibre morphologique du cours d’eau

La télédétection par mesure LiDAR, acronyme de l’expression anglaise « Light Detection And Ranging », désigne une technique de mesure optique fondée sur l’émission et la réception d’ondes laser. Elle permet d’obtenir des modèles numériques de terrain de haute résolution sur de vastes étendues spatiales. Elle offre aussi la possibilité de restituer la topographie sous le couvert forestier.

Dans le cas des méandres mobiles, l’érosion des berges est le principal moteur de la dynamique morphologique du système. La stabilisation d’un recul de berge peut avoir des répercussions majeures à l’échelle du tronçon fonctionnel. Ainsi, le blocage de la migration d’un méandre peut provoquer une accélération de l’érosion de berge sur le méandre en aval sous l’effet d’une augmentation locale de la capacité érosive de l’écoulement (Larsen et Greco 2002). Si les méandres ont tendance à migrer vers l’aval, ceci peut conduire également à l’empilement des méandres en amont par effet de compression mécanique, ce qui augmente le risque de recoupement (Degoutte 2006 ; Malavoi et Bravard 2010).

2.1.4.2. Influence de la végétation des berges sur la section transversale du cours d’eau
Les cours d’eau et les milieux associés sont particulièrement riches en termes de biodiversité. Les différents aménagements qui sont réalisés peuvent avoir des impacts importants sur ce plan (chap. I.2.2 et II.6).
La végétation des berges a une grande influence sur la recharge sédimentaire et sur les profils en long et en plan des cours d’eau. Elle a aussi un impact important sur les profils transversaux. Comme avec le profil longitudinal, il existe une forte relation entre la forme du profil transversal et la structure des ripisylves. Les conditions hydrauliques vont contraindre les ripisylves via des processus d’érosion, de submersion et d’ensevelissement. À son tour, la végétation agit sur la forme du profil transversal :
• en ralentissant la vitesse des écoulements à proximité du sol et donc les forces d’arrachement associées ;
• en protégeant le sol grâce à l’ancrage et l’armature fournis par les racines ;
• en modifiant le microclimat et donc les cycles gel-dégel au niveau du sol (Wynn et Mostaghimi 2006).
• en ralentissant la vitesse des écoulements à proximité du sol et donc les forces d’arrachement associées ;
• en protégeant le sol grâce à l’ancrage et l’armature fournis par les racines ;
• en modifiant le microclimat et donc les cycles gel-dégel au niveau du sol (Wynn et Mostaghimi 2006).
Le ratio « largeur de plein bord naturelle / profondeur du cours d’eau » est un indicateur de l’activité dynamique d’un cours d’eau. Plus ce rapport est élevé, plus la dynamique d’érosion latérale et la dynamique de transport solide sont importantes. Ce ratio reflète également la cohésion des berges. Plus celle-ci est élevée, plus la largeur du cours d’eau a tendance à être faible et la profondeur importante. Par conséquent, le ratio est faible (Malavoi et Bravard 2010).

Ainsi, en fixant les berges et en empêchant l’érosion latérale, la végétation diminue le ratio « largeur/profondeur ». De même, l’augmentation du tirant d’eau provoque une augmentation de la contrainte au fond du lit et favorise son incision.
La présence de végétation ligneuse diminue les processus d’érosion latérale et modifie le profil transversal en travers de la section. Les berges cohésives ralentissent la dynamique d’érosion latérale des cours d’eau.
Par ailleurs, il a été montré que les berges de cours d’eau végétalisées sont plus raides que les berges non végétalisées. Par conséquent, les végétaux augmentent la résistance au cisaillement de berge et limitent les risques de glissement (Abernethy et Rutherfurd 1998). Cette capacité à améliorer la résistance au glissement a toutefois des limites : elle peut être remise en cause si le fond du lit s’incise et/ou si les arbres, par leur taille excessive, présentent un port déséquilibré.
Les végétaux influent également sur le profil transversal des cours d’eau en favorisant et en maintenant les plages de dépôts sédimentaires. Par effet de peigne, les racines superficielles et les tiges favorisent les dépôts sédimentaires en ralentissant les vitesses d’écoulement. Les sédiments sont ainsi piégés et protégés de l’érosion hydraulique. Ces dépôts sédimentaires et les débris piégés par les végétaux vont eux-mêmes diminuer la section d’écoulement en encombrant le lit du cours d’eau.
Les végétaux augmentent la rugosité des berges et provoquent une diminution de la vitesse d’écoulement à proximité des berges. La présence de végétaux au sein de la zone d’écoulement lors des crues va aussi diminuer la section transversale et la capacité de transit, ce qui va provoquer une élévation du tirant d’eau. La figure 11 montre la différence de positionnement des isolignes de vitesse sur le profil transversal entre deux sections de cours d’eau, l’une sans végétation et l’autre avec. Les vitesses sont plus faibles à proximité de la berge et plus fortes au centre. Pour un même débit, le tirant d’eau augmente sur un cours d’eau végétalisé.